La carte postale

Un panneau rouge et blanc renseigne sur son blase
Tous les pékins paumés, les pèlerins passants
Quatre cents habitants, un clocher en ardoise
Et tout en haut perché, un coq dans le vent
C’est un joli village, une retraite exquise
Que berce la musique douce des fontaines
On pourrait à l’occase y poser sa valise
Si l’diable n’y avait pas déjà posé la sienne
Car ici messieurs dames, la peste et le malin
Tranquillement s’immiscent dans une âme sur deux
Du plus pur quidam au facho clandestin
L’autochtone succombe à l’appel du bleu
Un bleu de pacotille que renierait le ciel
Barbouillé à l’arrache où le pire se niche
Quand l’démon se maquille et la joue consensuel
Les dessins de moustaches n’ornent plus les affiches
C’est une image d’Epinal
Une jolie carte postale
Mais à tout endroit, son envers
C’est une image d’Epinal
Une jolie carte postale
Moi sur mon banc je désespère
Au comptoir du troquet, accoudés les tribuns
Le doigt levé bien haut clament leur amertume
Retraites atrophiées, promesses sans lendemain
Aux évadés fiscaux le goudron et les plumes
Ils débriefent à l’envi la soupe de TFI
CNEWS ou BFM enfin tu m’as compris
Et promettent un retour sous le ciel syrien
Á l’exilé qu’ils n’ont pourtant pas vu ici
Moi je les connais bien, ils m’ont connu petit
Et je ne peux pas croire qu’parmi les gens du cru
Une moitié pas moins, par idéologie
a perdu la mémoire, la raison, la vertu.
Aussi charmant soit-il, cet écrin de nature
Ne peut plus apaiser la peur, le désespoir
Qui poussent elle ou lui à s’offrir en pâture
A des marchands de haine, au fond de l’isoloir
C’est une image d’Epinal
Une jolie carte postale
Mais à tout endroit, son enfer
C’est une image d’Epinal
Une jolie carte postale
Quand la pensée fuit la lumière

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