Casamance

Dans les plaines de Casamance
Vivait au pied d’un baobab
Une chevrette d’apparence
Semblable à toutes ses semblables
Mais qui rêvait de s’affranchir
D’un vieux bouc aux idées salaces
Qu’aucune n’osait contredire
Par crainte du pouvoir en place
Un jour identique à tout autre
A l’heure du rituel assaut
Il vint lui proposer la botte
Qu’elle déclina tout de go
Irrité par tant de mépris
Il fit éclater son courroux
Et sans détour lui promit
Une violente pluie de coups
Quand d’un bâton il se saisit
Apparut au bout du chemin
Un homme coiffé d’un képi
Tenant un fusil à la main
Il était mince, il était beau
Comme le décrit la chanson
Mais l’air un tantinet idiot
Comme le veut la profession
Témoin de l’ignoble agression
De la biquette abasourdie
Sans coup férir, d’un geste prompt
Du bouc vénère il se saisit
Par la peau du cou il le tint
Et dans ses yeux, les siens rivés
A la manière de Gabin
Lui dit… T’as d’beaux yeux tu sais ?
Subitement le bouc en train
D’rembobiner son existence
Comprit que le vent n’allait point
Favorablement en son sens
Au vu du regard amoureux
Que lui jetait le militaire
L’issue ne faisait pas de doute
Il se confondit en prières
Le ciel n’eut pour ses doléances
Aucune espèce d’attention
Au mépris de la bienséance
Notre bidasse lui fit don
Dans un élan de frénésie
Généreuse et tendre à souhait
De mois d’abstinences le fruit
Au damne du bouc humilié
Quand il eut jugé bon de clore
Cette parenthèse érotique
Le légionnaire s’enquit alors
De l’état de la jeune bique
Elle lui dit merci mon sauveur
Me voilà maintenant vengée
Depuis toujours ce bouc m’écoeure
Puissiez-vous m’en débarrasser
Ainsi fut fait car l’animal
Devenu risée du troupeau
Prit la décision radicale
De faire feu des quatre fuseaux
L’homme au képi s’en fut aussi
Saluant gentiment la chèvre
Et c’est sur cette fin jolie
Que notre poème s’achève

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