Bien singulier il ne paye pas de mine
Ce cul de sac au milieu de Paname
Mais il résonne des frivoles comptines
Qui sont nées là, dans la maison de Jeanne
Florimont c’est le nom de cette impasse
Jadis repère de bougres de tous poils
Tous amis d’un grand chanteur à moustaches
Pipe au bec et cheveux en pagaille
Lorsque j’arrive au bout de la ruelle
Coup d’œil à droite, à gauche et je me lance
A pas de loup, en respect du sommeil
De l’habitant pour qui mon cœur balance
Dix mètre à peine et me voilà planté
D’vant la masure qui ne vaut pas bézef
A part la plaque en bronze patiné
Où se dessine tonton en relief
Alors que je médite, un matou de passage
Frotte son pelage contre mon pantalon
Et tandis qu’il me toise de ses grands yeux turquoise
Me dit : « alors ça gaze aujourd’hui, mon colon ? »
Ben oui c’est moi petit tu n’es pas barge
Ici les chats sont doués de la parole
Tous les greffiers rodant dans les parages
Furent jadis étoiles du music Hall
C’est un grand privilège réservé
A nous autres par le vieux saint Pierre
Plus fun qu’uns triste éternité
Que revenir ronronner sur la terre
Enigmatique siamois, s’il en est
Il m’adresse un sourire qui en dit long
Puis entonne de sa voix de minet
Quelques mots de la chasse aux papillons
Petit clin d’œil et sans rien ajouter
Le dos rond il me jette un doux regard
Et m’abandonne à ma perplexité
La bouche ouverte et les yeux hagards
Les mains tremblantes j’ote mon galure
Troublé par la féline apparition
Si j’ai pas rêvé il se peut qu’Arthur
Rimbault somnole au chaud dans un salon
J’irais bien rue de Verneuil
Taper la causette ou le bœuf, que sais-je ?
Avec un pigeon ou un écureuil
Qui me réciterais la javanaise