Noé voyant que le déluge n’était pas loin
A pris, c’est bien peu dire, son courage à deux mains
Et d’un tas de vieilles palettes
Construisit une goélette
Un esquif pour mettre les voiles
Lui qu’on voyait déjà comme ultime sauveur
S’est fait la malle en embarquant pour son quatre heures
Cinq tigresses aux yeux de biche, quatre poulettes et deux pouliches
Une gazelle et une chienne
Oyez, oyez, la véritable histoire de Noé
A qui l’on aurait fait don
Du bon dieu sans confession
Il se frottait les mains en quittant le rivage
En songeant à ce qu’allait être son voyage
Au milieu de ces créatures
Plutôt gâtées par la nature
Pas besoin de vous faire un dessin
Oui mais hélas les charmantes passagères
Voyant d’un mauvais œil le dessein pervers
Du gars Noé, comble du sort,
Le jetèrent pas dessus bord
Histoire de calmer ses ardeurs
Oyez, oyez, la véritable histoire de Noé
A qui l’on aurait fait don
Du bon dieu sans confession
Dans un étrange bruit de fermeture éclair
Le ciel s’ouvrit sur une bouille familière
Un vieux barbu pas très souriant
Sourcils pointus et cheveux blancs
Sa majesté le créateur
Voyant Noé en si délicate posture
Il fut tenté de lui pardonner l’imposture
Et dit après tout, nom de moi
C’est un félon, un scélérat
Qui n’vaut pas mieux que ses semblables
Qu’il aille au diable
Cette chanson sous ses petits airs de blasphème
Donne raison à tous les déçus du baptême
Noé aurait pu exister
Les hommes n’ont qu’une seule idée
Balader les filles en bateau
Mais il n’a pas pu résister
Les filles n’aiment pas partager
Un beau projet qui tombe à l’eau
Oyez, oyez, la véritable histoire de Noé
A qui l’on aurait fait don
Du bon dieu sans confession