Tes cheveux longs, ta robe noire, Marcel
Hanteront longtemps les trottoirs, Marcel
De la porte jaune à Asnières
où tu déambulais hier
Sous l’œil complice ou agacé
Des berruyers
Par tous les temps, l’œil aux aguets, Marcel
Tu as couché sur le papier, la belle
Avaricum la bien nommée,
sa cathédrale et ses pavés
Ma cité à l’encre de chine
Me fascine
J’t’ai pas connu, j’n’étais qu’un gosse, Marcel
Quand t’as passé l’pinceau à gauche, Marcel
Assassiné pour quelques francs
Dans une cabane au fond des champs
Que sont devenus tes félins
Des orphelins
Moi j’te trouve beau sur cette photo, Marcel
Comme ces tableaux qui s’arrachent à l’hôtel
Sous le marteau du commissaire
D’aucuns font grimper les enchères
Pour accrocher dans le couloir
Un Bascoulard
Toutes ces simagrées posthumes, Marcel
Doivent te hérisser les plumes, Marcel
A toi qui avais en horreur
La célébrité, les honneurs
Pas un n’aurait pu acheter
Ta liberté
Seuls tes dessins étaient à vendre, Marcel
Cent balles ou un morceau de viande, Marcel
Ils sont aujourd’hui la Mémoire
De ces ruelles chargées d’histoire
Dans les beaux cadres en bois dorés
Des Berruyers