Le rideau comme un voile est tombé, sur la scène
Le velours des beaux jours est un peu miteux côté cours
On s’en fout, c’est plié, on vend le cabaret
On va jeter au feu, les décors, les costumes
Peut être attendre un peu que le tout se consume
Et donner du boulet sur les murs en cartons
Dans la danse macabre des engins de démolition
A la place, sans attendre, on va bâtir utile
Des parkings payants, des bureaux à la file
Et baptiser l’endroit « rue du vieux cabaret »
A la mémoire du temps passé
Et moi, assis sur le trottoir
Je vois mourir la mémoire
Pierre après pierre s’en est allé
Le cabaret
Un agent bedonnant aligne sans vergogne
Les zéros triomphant des années de besogne
Un rictus assassin pendu aux commissures
En guise d’hommage à la culture
Mais que vont devenir jongleurs et magiciens
Ils iront joie au cœur chez Patrick Sébastien
Applaudis à distance du fond des canapés
Bouche pleine, jambes croisées
Et moi, assis là comme un con
Je regarde l’émission
L’esprit vide mais bien garé
Au cabaret
Les planches ont disparu, emporté par le temps
Les meneuses de revue ont raccroché les gants
Qui se souvient encore de cet écrin feutré
Tables rondes et chandeliers
Où nous allions le soir, fringants et en goguette
Dans nos plus beaux costards au bras des midinettes
Crésus d’un instant, surtout les jours de paye
Heureux au pays des merveilles
Et moi, toujours devant mon écran
La tête remplie à l’Evian
J’ai quand même une pensée
Pour le cabaret