La fille du métro Voltaire habite un grand appartement
Tendu de soie et de posters de paysages en noir et blanc
C’est une crèche un peu moisie où le soleil entre à moitié
Seule la Suède à réussi à y imposer son mobilier
La fille du métro Voltaire a des nounours sur son lit
Qu’elle replace avec rigueur au même endroit qu’avant la nuit
Elle collectionne les dauphins, les chouettes et les chats en faïence
Dans une vitrine elle en a plein qu’les gens lui ramènent de vacances
La vie n’est pas une mince affaire
Pour la fille du métro Voltaire
Mais si tu veux la rendre heureuse
Promet lui un Thermomix ou une lisseuse
Elle recherche en vain sur la toile un clone du prince charmant
Bâti à la Steven Seagal, en plus balèze évidemment
Elle voudrait qu’il aime le sport et les séries américaines
Les romans de Poivre d’Arvor et la renaissance italienne
Elle se console en écrivant le fil de sa vie pas banale
Sur le fond d’écran bleu et blanc du mur de son réseau social
Elle a ici tout plein d’amis qu’elle a pas vus d’puis des années
Qui cliquent sur « j’aime » quand elle écrit qu’elle a envie d’aller fluncher
La vie n’est pas une mince affaire
Pour la fille du métro Voltaire
Mais si tu veux la rendre heureuse
Promet lui un Thermomix ou une lisseuse
La fille du métro Voltaire a déjà quelques cheveux blancs
Des cicatrices dans la crinière qu’elle dissimule avec talent
A grands renforts d’onguents magiques, de crèmes aux vertus de jouvence
Devant sa glace elle fait la nique au temps sans r’garder la dépense
Quand elle est pas bien dans ses bottes, elle se dit qu’elle va tout claquer
Son job, son appart et ses potes et à perpette s’envoler
Mais finalement elle reste là, parce que perpette c’est un peu loin
Et puis son job elle l’aime bien, quoi, comme son appart’ et ses copains
La fille du métro du métro Voltaire regarde son vieil appartement
Propre et sans la moindre poussière, sans le moindre prince charmant
A force de ne vouloir que lui, elle n’a pas vu par la fenêtre
Ce beau voisin qui lui sourit et qui l’aurait aimée peut être.