Les cloches de Saint-Pierre sonnent
Un vieil homme s’éveille et grogne
Le pape n’est pas du matin
Dans ses draps de brocard et d’or
Il ouvre un œil et se rendort
Et si l’avenir appartient
Qu’à ceux que le sommeil gave
Lui ne rêve que de conclave
De céder la place au prochain
Quitter les ordres, vivre à sa guise
Loin des désordres de l’église
Seul à la croisée des chemins
Chaque matin un cardinal
Déposé les mules papales
Au pied du saint pieux du saint père
Et murmure au creux de l’esgourde
Aux bondieuseries devenues sourdes
Quatorze avés et deux paters
Le poids des coutumes et des us
Commencent à lui trouer l’plexus
C’est une triste vérité
La vie n’est pas toujours le kiffe
Quand on est souverain pontife
L’heure de la retraite à sonné
Seul au fond de son lit
Pie le pape s’ennuie
Il a du vague à l’âme
Deux mots résonnent en lui
Habemus Papam
Il voudrait faire comme Benoît Seize
Lâcher la crosse et n’en déplaise
Aux grenouilles de bénitier
Les tenancières d’la catéchèse
Qu’ont toutes leur prénom sur une chaise
De l’église de leur quartier
Les mémères de haute vertu
Qui ne jurent que pas leur salut
Et donneraient bien père et mère
En vue de déposer leur cul
Juste à la droite du barbu
Pour l’éternité tant qu’à faire
Alors il joue sur sa Gibson
Sous la statue de la Madone
Le blues de son âme chagrine
Des standards de Robert Johnson
Douze mesures qui résonnent
Sous la voûte de la Sixtine
Toute une vie pour son prochain
Encore faut il être certain
Que ledit prochain le mérite
Sa foi comme peau de chagrin
Sous la chaleur du ciel romain
A fini par prendre la fuite
Seul au fond de son lit
Pie le pape s’ennuie
Il a du vague à l’âme
Deux mots résonnent en lui
Habemus Papam
Au matin d’un jour de sagesse
Il a donné l’ultime messe
Et dans un geste symbolique
Rendu la clé de la Mercedes
Demandé pardon à confesse
D’abandonner toute la clique
Et puis sans se faire prier
Il a enfourché sa Harley
L’image est rare je vous l’accorde
Et lentement il est parti
Dans la poussière et dans le bruit
Like a poor lonesone cow-boy